(Réalisée par Cyril Gfeller & Piers Faccini)

On ne compte plus les murs qui surgissent de par le monde. S’ils ne sont pas déjà construits, on vante avec fierté leur projet, comme le futur grand mur de Calais ou celui plus grand encore ambitionné par Donald Trump sur la frontière mexicaine.
Assez bizarrement, l’adjectif ‘grand’ au sens de ‘grandiose’ est souvent utilisé pour qualifier les murs construits tout au long de l’Histoire. A la différence du mur d’Hadrien en Angleterre, ou encore de la grande muraille de Chine, les murs d’aujourd’hui ne peuvent même pas se prévaloir d’une quelconque qualité architecturale, et sont loin de suggérer la moindre sensation de grandeur. Ils sont plutôt la preuve tristement matérialisée de notre incapacité à vivre ensemble. Ces pauvres édifices sont juste le symbole de l’exclusion et de l’inimitié, du nationalisme et du bellicisme.

La vidéo pour BDTW est le fruit de ma collaboration avec un réalisateur en animation, le Suisse Cyril Gfeller : sur base de mon scenario, Cyril a découpé et animé toutes les séquences, et nous avons assuré ensemble la réalisation. Notre idée a été de combiner des séquences animées à partir de collages photos et une vidéo de moi-même qui serait ensuite imprimée image par image et re-photographiée. Du point de vue stylistique, cette vidéo est inspirée par les collages des mouvements Dadaïstes et Surréalistes, et par des artistes tels que Raoul Haussman ou Joseph Cornwell.

Toutes les séquences animées à partir de collages photos ainsi que la séquence vidéo qui me met en scène ont été imprimées image par image et découpées à la main, re-photographiées et enfin animées. J’ai réalisé le collage d’un bateau de migrants rempli de passagers qui sont pour la plupart des vieilles photos de membres de ma famille, et d’autres images trouvées dans des archives photo de portrait.

Les hommes et les monstres à chapeau melon qui tentent d’avaler les migrants avaient été initialement conçus sur le modèle de Donald Trump, mais par la suite j’ai opté pour une figure plus symbolique qui représenterait un banquier à chapeau melon, en train de fabriquer puis de cracher de l’argent et des armes.