Poète Sicilien

By juin 2, 2016 Inspiration

Ces derniers temps, j’ai travaillé sur les dernières chansons du prochain album. Bien que l’ensemble soit majoritairement chanté en Anglais, je souhaitais apporter une dimension multilingue à l’album, à l’image du 12e siècle cosmopolite qui a tant inspiré mon écriture. Certaines chansons comportent déjà des passages en Palermitano (le dialecte Sicilien de Palermo) et en Salentino, le dialecte de la partie la plus méridionale de l’Italie, mais je rêvais aussi d’entendre le chant Arabe s’élever à côté de l’Anglais. Je cherchais qui pourrait offrir une telle voix lorsque Vincent Segal, mon ami violoncelliste, m’a suggéré de travailler avec le chanteur et musicien Algérien Malik Ziad. Comme toujours avec Vincent, il avait vu juste.

J’ai fait le voyage pour rencontrer Malik à Marseille, où il vit, et je lui ai joué le morceau sur lequel je l’imaginais chanter. Dans un premier temps, il a trouvé quelques vers du chanteur Chaabi Hadl El Anka qui fonctionnaient bien avec la musique. Cependant, je lui proposé de chercher plutôt un poème Sicilien du 12e siècle. J’avais lu quelques belles traductions de poèmes de Ibn Hamdis, né à Syracuse, Sicile, en 1056. J’ai confié à Malik que ce serait magnifique si nous pouvions trouver un de ses poèmes qui s’accorderait à la chanson. Comme par extraordinaire, Malik a non seulement trouvé un texte qui collait parfaitement, mais qui de plus contenait la phrase ‘J’ai songé à la Sicile’.

Plus bas vous trouverez la traduction du poème en Français et ci-dessus la copie manuscrite de Malik, telle qu’il l’a chantée lorsque je l’ai enregistré il y a quelques jours.


L’affliction attisant le souvenir,

J’ai songé à la Sicile.

Déserte est désormais la demeure où l’on pouvait vivre jeune

Elle qui était peuplée de gracieuses personnes.

Si on m’a fait sortir du paradis,

Je puis au moins en relater les faits.

N’eût été le goût salé des larmes

J’aurais pris mes pleurs pour ses rivières.

A vingt ans j’ai ri d’une passion

Et j’ai pleuré d’avoir perdu son faix à soixante.

Qu’aucun péché ne vous paraisse grand

Le Ciel est encore là pour l’absoudre.